Ecolieu familial alternatif en Creuse (23) – Erika Tombolato

Le deuil et l’autisme

Le processus de deuil pour une personne autiste peut présenter des particularités liées à la manière dont cette personne perçoit et exprime ses émotions. Le deuil, étant un processus émotionnel complexe et individuel, est vécu différemment selon les personnes, et les personnes autistes peuvent réagir d’une manière qui peut sembler inhabituelle ou difficile à comprendre pour leur entourage.

Voici quelques éléments à prendre en compte :

1. Difficultés à exprimer les émotions

Les personnes autistes ont souvent des difficultés à exprimer verbalement leurs émotions. Elles peuvent éprouver de l’intensité émotionnelle, mais peinent à la mettre en mots ou à comprendre les normes sociales autour de l’expression émotionnelle. Elles peuvent aussi éviter ou ne pas reconnaître certaines émotions, ce qui peut donner l’impression qu’elles sont indifférentes ou ne « traversent pas » le deuil.

2. Routines perturbées

Les personnes autistes, en particulier celles avec une sensibilité accrue à l’environnement et aux changements, peuvent éprouver une grande difficulté avec l’interruption de leurs routines. Le décès d’un proche, en perturbant profondément ces repères, peut provoquer une grande souffrance. La perte de cette routine pourrait également augmenter l’anxiété et rendre la gestion du deuil plus complexe.

3. Compréhension du concept de la mort

Les personnes autistes peuvent avoir une perception différente du concept de la mort. Certains peuvent comprendre intellectuellement la finalité de la mort, mais avoir du mal à intégrer émotionnellement ce que cela signifie, en particulier si elles n’ont pas d’expérience antérieure avec des pertes. Elles peuvent aussi être très préoccupées par les détails logistiques de la situation (comme les funérailles, les arrangements) plutôt que par les aspects émotionnels.

4. Ressources limitées pour la gestion des émotions

Étant donné les défis dans la régulation émotionnelle, les personnes autistes peuvent éprouver des difficultés à gérer la tristesse, la colère ou l’anxiété qui accompagnent le deuil. Elles peuvent aussi avoir des réactions intenses ou inappropriées qui peuvent être mal interprétées par leur entourage. Elles peuvent s’isoler pour éviter d’être submergées par les émotions.

5. Mécanismes d’adaptation individuels

Certaines personnes autistes peuvent se replier sur des intérêts spécifiques pour se réconforter pendant le deuil. Cela pourrait être une manière d’éviter de traiter des émotions difficiles ou d’utiliser une activité qu’elles maîtrisent pour gérer l’incertitude. Par exemple, elles peuvent se concentrer sur des passe-temps ou des sujets d’intérêt particulier qui leur apportent un sentiment de contrôle et de sécurité.

6. Impact du deuil sur les relations sociales

Le deuil peut aussi affecter ses relations sociales. Si cette personne a des difficultés à comprendre les émotions des autres, cela peut entraîner des incompréhensions ou des tensions avec ceux qui l’entourent. Elle peut également avoir du mal à chercher ou à accepter du soutien émotionnel, par crainte de la surcharge sociale.

7. Besoin de structure dans le deuil

Les personnes autistes peuvent avoir besoin de structure et de prévisibilité dans leur manière de vivre le deuil. La gestion du deuil pourrait nécessiter des approches plus structurées et directes, comme des rituels ou des étapes claires, qui leur permettent de comprendre et d’intégrer progressivement cette expérience émotionnelle.

8. La personne décédée comme ressource pour l’autiste

Pour une personne autiste, il est souvent crucial d’avoir des « personnes ressources » qui jouent un rôle de soutien dans la gestion des émotions, des routines, ou des situations sociales. Lorsque cette personne décède, cela peut entraîner des conséquences profondes.

  • La perte d’un ancrage émotionnel, d’un modèle d’adaptation ou d’un guide peut créer un vide difficile à combler.
  • Le processus de deuil est encore plus compliqué car il va de pair avec la nécessité de réorganiser tout un système de soutien qui apportait sécurité et stabilité.
  • L’absence de cette personne peut entraîner un sentiment d’abandon, d’instabilité et de confusion. Le soutien quotidien disparaît, augmentant le stress et la désorientation.

Comment soutenir une personne autiste en deuil ?

  • Offrir des informations claires et adaptées : Utiliser des explications simples et directes pour aider la personne à comprendre la situation, sans trop de métaphores ou de sous-entendus.
  • Respecter leur espace et leur rythme : Certaines personnes autistes préfèrent être seules pour traiter des émotions. Laisser la personne gérer le deuil à son propre rythme, sans pression, est crucial.
  • Proposer des méthodes de régulation émotionnelle adaptées : Aider la personne à trouver des moyens qui lui conviennent pour exprimer et traiter ses émotions (activités créatives, journal intime, etc.).
  • Rassurer par la constance : Maintenir des éléments de prévisibilité et de routine dans la vie quotidienne pour réduire l’anxiété qui peut être exacerbée par la perte.
  • Éviter les attentes sociales trop strictes : Ne pas forcer des expressions de deuil « normatives », comme les pleurs ou les conversations émotionnelles. Accepter que la personne puisse vivre et exprimer son deuil de manière différente.

Le deuil est une expérience profondément personnelle, et pour une personne autiste, il peut être encore plus complexe en raison de la manière différente de percevoir et de gérer les émotions. L’empathie, la patience et une approche individualisée sont essentielles pour les soutenir.

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