Ecolieu familial alternatif en Creuse (23) – Erika Tombolato

Violentomètre autistique – Exemples

Claire Mallet, Florence Demourant-Nef, thérapeute spécialisée dans l’autisme et le cabinet Thérapie Autisme ont crée le violentomètre autistique. (téléchargeable ici : https://www.auto-therapie.fr/).

Inspiré du violentomètre des violences faites aux femmes (créé en 2024), le violentomètre autistique reprend le même principe de graduation visuelle, du vert au rouge — comme une règle pour évaluer ce que l’on vit. À une extrémité, on trouve le respect des besoins exprimés, accompagné d’actions concrètes pour y répondre. À l’autre, des violences psychologiques ou physiques, directement liées aux manifestations de l’autisme.

Violentomètre Autistique – Identifier l’invisible, nommer l’indicible.

Être autiste, ce n’est pas juste “voir le monde autrement”. C’est vivre avec des besoins sensoriels, émotionnels, relationnels spécifiques… souvent incompris, minimisés, voir niés. Et quand ces besoins sont ignorés, ce n’est pas juste de la maladresse : c’est de la violence. Pas toujours brutale. Parfois pleine de “bonnes intentions”. Mais une violence quand même. Celle qui use, qui épuise, qui fait douter de sa légitimité à exister tel·le qu’on est.

Ce violentomètre a été créé pour ça :

  • aider à repérer ce qui fait du bien, ce qui blesse, ce qui détruit.
  • donner des mots à des vécus trop souvent invalidés.
  • poser des limites claires, pour (re)trouver un espace respectueux et soutenant.
A télécharger le pdf complet sur le site https://www.auto-therapie.fr/

En le lisant, j’ai fais des liens avec des situations que j’ai vécu et vis encore, des situations que mes enfants vivent (et que parfois, bien malgré moi, je leur fais vivre. Et oui, nous avons tendance à reproduire nos conditionnements et dans une société validiste et capacitiste, ce n’est pas toujours facile de sortir de ces schémas, de la pression sociale, notamment quand on a dû comme moi, suradapter et masquer ses « troubles » toute sa vie).

Exemples concrets pour illustrer ce violentomètre :

🟢 Zone verte — Tout va bien. Tu es respecté·e, soutenu·e, entendu·e.

“Quand vous communiquez un besoin, il est écouté, et des actions concrètes sont mises en place pour le respecter.”

  • Tu dis que les bruits te stressent → on t’apporte un casque anti-bruit sans discuter.
  • Tu expliques que tu as besoin de silence le matin → la famille te laisse tranquille jusqu’à une certaine heure.
  • Tu dis « je ne peux pas parler maintenant » → on te propose d’écrire ou de revenir plus tard.

“On vous laisse annuler un engagement, un projet, un rendez-vous sans pression ou jugement, pour limiter votre surcharge.”

  • Tu annules une sortie de dernière minute parce que tu sens la surcharge monter → on te dit “ok, prends soin de toi”.
  • Tu dis que tu ne viens pas à l’anniversaire → personne ne t’en fait une scène.
  • Tu annules une séance pro → on te remercie de prévenir et on repropose une autre date.

“On vous demande pro-activement si telle situation risque de vous surcharger. Des solutions alternatives vous sont offertes en cas de surcharge potentielle.”

  • Avant un repas de famille, on te demande si tu veux une pièce au calme au cas où.
  • Pour un événement avec du monde, on t’aide à planifier des pauses en extérieur.
  • On te propose des bouchons d’oreilles pour le concert, avant même que tu y penses.

“Vos routines, habitudes, temps d’IS et rituels sont systématiquement respectés sans culpabilisation ou jugement.”

  • Tu manges toujours la même chose le matin → personne ne commente.
  • Tu as besoin d’un temps d’isolement après chaque activité → c’est intégré au quotidien.
  • Tu fais toujours les choses dans le même ordre → personne ne te dit « change un peu pour voir ».

🟠 Zone orange — Ce n’est pas neutre. C’est toxique, même si ce n’est pas toujours volontaire.

“Vos difficultés sont entendues mais jugées pour leur ‘taille’ ou leur ‘importance’. On vous répond que ce n’est ‘pas grand-chose’.”

  • Tu expliques que le bruit te fait paniquer → on te dit « c’est juste une tondeuse, détends-toi ».
  • Tu dis que tu stresses pour une sortie → on te répond « faut arrêter de te faire des films », « ça va aller », « ça va te faire du bien ».
  • Tu expliques ta peur du changement → on te lance « c’est rien, faut t’adapter un peu ».

“On vous compare à d’autres profils autistiques pour invalider certaines de vos difficultés et vous faire culpabiliser de ne pas pouvoir.”

  • « Regarde, ton cousin est aussi autiste et il travaille à temps plein, lui. »
  • « Mais un·e tel·le est autiste et n’a pas besoin de casque anti-bruit, toi tu abuses. »
  • « Tu fais genre que c’est dur, mais y’en a qui ont vraiment des difficultés. »

“On vous dit de ‘faire des efforts’, de ‘souffrir en silence’ pour prioriser le bien-être des proches non autistes autour de vous.”

  • « Tu peux pas faire un effort pour ta sœur, c’est son anniversaire. »
  • « Oui tu supportes pas la foule, mais fais-le pour nous. »
  • « On peut pas toujours tout adapter à toi, hein. »

“On nie votre diagnostic, vous accuse ‘d’en rajouter’ ou de mentir, pour ne pas adapter le quotidien à vos besoins.”

  • « Tu t’inventes des trucs, t’as pas l’air autiste. »
  • « De toute façon maintenant tout le monde est TDAH ou autiste, c’est la mode. »
  • « T’as pas besoin d’adaptation, t’es juste fainéant·e. »

🔴 Zone rouge — Tu subis des violences, visibles ou non. Il est temps de fuir, de poser des limites, de te protéger.

“Quand vous partagez un besoin, on vous dit ‘oui’ mais les actes sont toujours faits à l’inverse de ce besoin.”

  • Tu dis ne pas vouloir de contact physique → on te fait quand même la bise.
  • Tu demandes qu’on ne fasse pas de surprise → on te fait une fête surprise « par amour ».
  • Tu précises que tu veux un coin calme → on te met au centre d’une tablée bruyante.

“On vous place sciemment dans des situations déclencheurs sans vous laisser la possibilité de communiquer la difficulté ou vous en protéger.”

  • Tu es agoraphobe → on t’emmène dans une foule sans prévenir.
  • Tu es claustrophobe → on te pousse de force dans un ascenseur.
  • Tu es hypersensible au bruit → on te colle à côté d’un haut-parleur.

“On vous refuse vos mécanismes d’auto-régulation (fidget toys, objets conforts, gestes apaisants), ou on vous empêche activement et sciemment d’y avoir recours.”

  • Tu stimules avec un stylo → on te le retire brusquement.
  • Tu te balances sur ta chaise → on te dit d’arrêter « ça fait débile ».
  • Tu manipules un objet pour te calmer → on t’accuse de « pas être concentré·e ».

“On vous réprimande, dans la violence psychologique ou physique, en lien avec vos difficultés autistiques.”

  • Tu fais une crise autistique → on te crie dessus ou on t’enferme ou on te frappe (fessée, gifle.. )
  • Tu stimules avec tes mains → on te gifle ou on te force à les immobiliser.
  • Tu paniques → on te traite de « capricieux·se », « chiant·e », « trop fragile ».

Parler de tout ça, c’est pas « exagérer ». C’est survivre. C’est sensibiliser. C’est espérer vivre mieux.
Ce n’est pas toi le problème. Ce sont des comportements normalisés qui ne devraient pas l’être.

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